Je n’aime pas beaucoup ces articles d’analystes qui annoncent avec un grand enthousiasme la prochaine “révolution” du web : pour être honnête et direct… ils se plantent souvent. Et c’est d’autant plus vrai dans le domaine des réseaux sociaux, où Facebook est tellement dominant qu’il est difficile d’innover… et surtout de s’imposer auprès d’un grand public.
Pourtant, j’ai eu très rapidement envie de faire un tel article en essayant Pinterest. Ce buzz du moment m’a tout de suite enthousiasmé, et, au delà du fait que “j’accroche” rapidement, j’ai trouvé sur ce nouveau service un très grand nombre d’atouts qui font qu’il risque fort, à mon sens, d’être là et pour longtemps.
C’est très bien conçu
Dès la phase d’inscription, j’ai été surpris par la maturité du produit, et par son côté bien pensé : l’inscription est fluide, l’interface intuitive, on s’y sent tout de suite à l’aise. Mention particulière pour avoir résolu en partie la “quadrature du cercle” de n’importe quel réseau social : le plus dur, c’est de démarrer. On a tous connu le grand vide existentiel des premières heures sur Twitter, où, sans followers ni following, le service apparaît bien terne. Là, une sélection “par centre d’intérêt” permet d’avoir, dès la première utilisation, une première base de contacts, et plein de visuels à regarder.
Le public visé est très large
La plus grande difficulté, lorsqu’on lance un réseau social, est de parvenir à atteindre un très grand public. Pinterest dispose d’une “botte secrète” bigrement intéressante : il plait aux femmes. Je laisserai les sociologues expliquer le comment du pourquoi, mais les chiffres sont là pour montrer que Pinterest a réussi à amener une audience majoritairement féminine. L’aspect visuel ? Le côté “shopping” permanent ? Difficile de rentrer dans l’analyse sans tomber dans le cliché, je me contenterai donc de dire que le positionnement, pour peu qu’il soit voulu, est très judicieux, puisque ce public est jusqu’à maintenant finalement peu exploité sur les réseaux sociaux “classiques”.
Ca répond à un besoin
Depuis le déclin de Delicious, on n’avait pas vraiment de successeur valable au concept du bookmark. Et pourtant, le besoin était réel : nos séances de “surf” sont de plus en plus volatiles, puisqu’avec les performances des moteurs de recherche, on ne “pointe” plus rien. Pinterest est un outil particulièrement judicieux : avec un système à la fois simple et intuitif de classement, il permet, pour peu qu’on équipe son navigateur des outils adéquats, de pointer facilement toutes les pages qui nous marquent et que nous souhaitons garder dans un coin.
De plus, le côté visuel, avec de grosses icônes carrées, en fond un média idéal pour tablette ou téléphone.
C’est addictif
C’est peut être moi, mais ça faisait longtemps que je ne m’étais pas autant pris au jeu. La veille je n’avais même pas identifié le besoin que je pouvais avoir de ce genre de trucs, et le lendemain je passais des heures à construire mes traces numérique. J’y vois à la fois une réponse à un réflexe “d’accumulation” (j’ai par exemple en cours de création une liste de mes films préférés, liste qui risque de me suivre longtemps…) et de quotidien (je crée des pins des articles qui me plaisent au fur et à mesure de mes sessions de surf). En d’autres termes : en 24h, l’outil a pris une place à part entière dans ma vie numérique, au même titre qu’un Twitter ou qu’une messagerie. Impressionnant.
C’est un redoutable référenceur
J’ai été étonné de voir comment, à ma modeste échelle, j’avais pu être “repinné” ou liké par des gens dont j’ignorais à peu près tout : le côté très visuel fait que, pour peu que l’on choisisse une image qui soit une bonne accroche, on a de bonnes chances de pouvoir propager ses liens auprès d’un public large.
J’ai été surpris en publiant, ce matin, un lien vers un article de blog où je parlais de “The Artist”. Certes, le sujet est à la mode, mais j’ai été très surpris de recevoir en moins de 5mn 10 “like” et 2 repins de mon lien. Je n’en espérerai pas le dixième sur mon maillage pourtant entretenu de longues date sur Twitter ou Facebook !
Du coup, cela fait poser des questions sur les stratégies de référencement : si j’étais un professionnel dont le métier est très visuel (l’exemple le plus évident étant bien sûr le photographe), il est clair que je prendrais quelques heures pour m’investir sur ce nouveau média, afin d’en étudier les retombées en terme de trafic.
Le vocabulaire est bien trouvé
Ca n’est peut être qu’un détail, mais je trouve le vocabulaire bien trouvé. Là où Twitter a mis longtemps avec ses notions de “followers/followings”, là on accroche tout de suite à la notion de “pins”, de boards.. Important pour que les gens en parlent facilement ! Même si, en langue française, la phrase “je t’ai repinné” risque d’être interprétée curieusement 😉
Et maintenant ?
On est pour l’instant en plein boom : le produit est en train de sortir du giron des early adopters, pour atteindre, avec une vitesse impressionnante, un public beaucoup plus large. Une fois le nombre de comptes conséquents, et le contenu imposant (c’est déjà le cas, vous pouvez rechercher tout et n’importe quoi et trouver des “pins” correspondants