Pourquoi il faut s’intéresser de près à Microsoft

Si vous passez régulièrement sur ce blog, vous connaissez sans doute mon profil : Macophile après avoir été Linuxien, développeur Java et PHP, je n’ai pas grand chose à voir avec le monde Microsoft. On peut même aller jusqu’à dire que j’ai été élevé tout au long de ma carrière dans une ambiance plutôt anti-Microsoft, avec des arguments allant du plus concret (Microsoft traîne un certain nombre de boulets et de produits…disons décevants) au plus subjectif (ça fait tellement ‘fun’ de cracher sur la firme à Bill).

Et pourtant, pour tenter de rester impartial, Microsoft porte aujourd’hui un nombre d’atouts impressionnants dans son jeu… Derrière les interventions souvent exaspérantes de Steve Ballmer, un vrai travail d’équipe s’est amorcé depuis déjà quelques temps, et commence à porter sérieusement ses fruits. Avec les TechDays qui se sont terminées il y a quelques jours, l’occasion de faire un petit point d’étape…

Un socle enfin solide

Depuis MS-Dos, le métier numéro 1 de Microsoft est la conception de systèmes d’exploitation. Et pourtant, c’est sur ce métier que Microsoft pêche le plus depuis des années. Vista était immensément décevant, et même XP dont on parle aujourd’hui en termes élogieux a mis du temps à se stabiliser. Windows 7 semble aujourd’hui revoir la donne avec une solution qui a défaut d’être réellement innovante, amène un socle solide et qui fait une quasi-unanimité.

Bien sur, les Macophiles et Linuxiens resteront sur leurs positions, mais tous les autres ont trouvé leur eldorado : cela passera par Windows 7.

Un environnement de développement à la pointe

En tant que développeur Java, je ne peux que constater aujourd’hui la supériorité de .Net : la solution évolue d’une manière cohérente depuis 2001, et propose aujourd’hui un panel d’outils recouvrant à la fois le développements d’applications “riches” et d’applis Web. C’est à ma connaissance le seul environnement proposant une palette aussi riche et cohérente :

  • Du côté des applications riches, tous les autres acteurs ont aujourd’hui plus ou moins baissé les bras, Borland compris. Etonnant lorsqu’on pense que ces applications représentent encore aujourd’hui un immense marché (aurait on surestimé le monde des applis Web ?)
  • Du côté du Web, C#.Net propose une solution aussi solide que Java, plus conforme aux concepts objets que PHP, et aujourd’hui largement déployée. Seul bémol, et de taille : l’obligation de rester dans un environnement “Full MS”. Mais bon, c’est la stratégie du groupe, aussi…
  • Enfin, Microsoft est à la fois un acteur ralliant la cause de HTML5 (même si IE 8 reste décevant…) tout en se positionnant en tant que concurrent de Flash, avec Silverlight, solution convaincante mais qui n’a pas pour l’instant le succès mérité…

En résumé, Microsoft fait feu de tout bois (c’est pas nouveau) tout en gardant une offre techniquement cohérente (ça, ça l’est plus !), et Visual Studio 2010 conforte encore un peu plus cette situation.

Une offre mobile très prometteuse

Microsoft a fait sensation avec Windows 7 Mobile au dernier salon mobile de Barcelone : Windows Mobile était une catastrophe depuis des années, et la seule décision stratégique valable a été prise avec courage : tout revoir, de zéro, en particulier au niveau de l’interface. Prendre le risque de perder les “fans” actuels (mais en restait il ?), et partir à la conquête d’une cible qui avait tourné le dos à Microsoft depuis longtemps. Cible visée : iPhone et Android. Environnements de développement : Visual Studio, et Silverlight… Cohérence…

Avec une interface utilisateur réellement étonnante et une “vision” très différente de l’usage d’un téléphone portable, Microsoft la joue “quitte ou double” : au pire, c’est un échec, qui ne sera pas pire que l’enfer dans lequel s’enfonçait Windows Mobile. Mais au mieux, ça peut faire très mal. A suivre.

Dans les nuages ?

La tarte à la crème des journalistes du moment est de placer Google comme une sorte de “nouveau Microsoft”, les méchants à regarder avec méfiance. Google se fait le fer de lance de l’informatique “in the cloud”, avec des applications disponibles directement dans son navigateur.

Quelle est la position de Microsoft là dedans ? A la fois omniprésente et active.

Omniprésence bien sûr sur le marché des outils bureautiques “lourds”. A l’instar de Linux sur le marché des postes de travail, OpenOffice ne prendra jamais malheureusement une part de marché significative. Microsoft Office est là partout, et pour longtemps.

Du côté du Cloud, donc, la situation n’est pas encore très aboutie, mais il est certain que Microsoft cherche à se positionner partout, avec Microsoft Office Live, et surtout avec Azure, le système d’exploitation à haute scalabilité de Microsoft.

Mieux, Microsoft est aujourd’hui un des rares acteurs à proposer une solution “stable” sur le terrain des bases de données : le monde Open Source est aujourd’hui un peu brouillé avec un MySQL avalé par Sun puis par Oracle, et des projets prometteurs mais non encore aboutis sur le terrain des SGBD à haute scalabilité (tels que Cassandra, choisi récemment par Twitter). Sur les solutions propriétaires, Oracle est donc en pleine “digestion” de sa croissance externe, et DB2 est beaucoup moins présent. Résultat : un boulevard pour SQL Server !

Dans son salon

Si l’on regarde bien, Microsoft est le seul acteur majeur de l’informatique à être présent dans le salon du consommateur, avec la Xbox360 (si l’on fait abstraction de l’AppleTV, qui reste pour l’instant un gadget). La situation va peut être évoluer avec l’arrivée de l’iPad (bien qu’avec un positionnement complètement différent), mais Microsoft est aujourd’hui le seul, face à ses concurrents Sony et Nintendo, à pouvoir assurer une vraie cohérence entre les différents devices constituant une vie numérique (et la présence de widgets XBox dans la démo de Windows 7 Mobile est tout sauf un hasard).

Quand on sait que la R&D Microsoft est résolument orientée ‘home’ (la fameuse Microsoft Surface en tête), que la déclinaison du projet “Natal” pour le grand public risque de faire un malheur pour les prochaines fêtes de fin d’année, et que MS reste la marque la plus connue et la plus utilisée par le grand public, qui confond “Windows” et “informatique”, cette piste du grand public et de la multiplication des devices positionne Microsoft dans le peloton de tête…

Et maintenant ?

Etonnant de voir un Microsoft décomplexé avancer dans le bon sens et plutôt efficacement. Dans les rapports de force qui sont en train de se mettre en place, Microsoft n’aura sans doute plus jamais la place et la position ultra-dominante du marché. Mais si c’est pour la troquer contre une vraie plus value technologique et des produits de meilleure qualité… Affaire à suivre de près !

PS : coïncidence, Louis Naugès a publié au même moment que moi un article quasiment opposé, au moins ça fait un complément à mon point de vue 🙂