Quelle mouche a piqué Google ? Non content d’être partout sur le Web, voilà qu’ils veulent maintenant se lancer dans le hardware. Le Nexus One risque fort d’être le premier mais pas dernier essai de Google en la matière.
Les Macs plantent moins ?
Les ingénieurs de chez Apple ne sont pas fondamentalement meilleurs ni plus malins que ceux de Microsoft. Ce qui fait à mon sens la vraie réussite technique de leur produit est dû à un principe que la firme de Cupertino n’a jamais lâché :
People who are really serious about software should make their own hardware
Concevoir le matériel et le logiciel en même temps, avec des équipes voisines, collaborant au quotidien. Cette citation d’Alan Kay n’est bien sûr pas à prendre systématiquement au pied de la lettre, mais il faut bien avouer qu’elle s’avère pertinente lorsqu’il s’agit de concevoir des systèmes d’exploitation.
Pourquoi un Mac plante moins qu’un Windows ? Tout simplement parce que la tâche de Microsoft est immense, et infiniment plus complexe que celle d’Apple : assurer le rôle d’un système d’exploitation universel implique de prendre en compte un maximum de matériel.
Et du matériel qui n’est pas conçu par les ingénieurs de Microsoft. Mais aussi et surtout du matériel qui n’existe pas au moment de la sortie de Windows. Un OS pour Mac n’a “qu’à” être compatible avec la dizaine de mac différents disponibles. Même avec ces contraintes beaucoup moins fortes, le résultat n’est finalement pas si extraordinaire que cela, surtout sur les dernières versions, objectivement plus fragiles (l’effet “usine à gaz” ?).
Mac OS X évolue en permanence, discrètement, à chaque fois qu’un nouveau Macbook ou iMac sort sur le marché. Toujours cette forte intimité entre hardware et software. Et ce ressenti est le même avec l’OS de l’iPhone, tout simplement puisque la logique est la même : Steve Jobs a d’ailleurs ressorti la citation d’Alan Kay pendant la keynote de présentation de l’iPhone, en 2007.
Pourquoi Google a des chances de réussir
Android doit depuis sa naissance gérer le “syndrome Windows” : s’adapter à du hardware très hétéroclite. Et c’est encore plus vrai dans le domaine des téléphones que dans celui du PC, puisqu’aucun driver ou norme n’existe. Difficile dans ces conditions de rivaliser avec l’iPhone qui lui bénéficie du “syndrome Mac”, c’est à dire une cohérence parfaite entre matériel et logiciel.
En d’autres termes : l’iPhone OS a 3 ans d’existence et de maturité et doit gérer 3 modèles de téléphones, tous conçus pour fonctionner avec cet OS ; Android n’a qu’une année d’existence, et doit gérer des dizaines de modèles et de marques différentes.
Le Nexus One est donc une vraie chance pour Android : parvenir à promouvoir la plateforme avec un matériel valorisant au maximum le logiciel. Ou pour faire plus simple : retrouver l’effet “woaw!” que l’iPhone a procuré aux utilisateurs en 2007. L’avenir nous dira si cette stratégie s’avère payante.
Théorie du complot épisode 12
L’inquiétude, c’est maintenant celle d’avoir une offre 100% “Google-isée” : du terminal jusqu’au contenu, tout peut passer par des produits Google. Il ne manque guère que l’infrastructure réseau qui échappe à ce géant, mais les choses devraient évoluer en cours d’année 2010 avec de nombreux projets wireless.
Et si le Nexus One est un succès, il y a fort à parier que Google va étendre cette activité hardware avec l’arrivée un NetBook conçu autour de Google ChromeOS. Que penser d’une telle omniprésence ? J’en blaguais avec un ami l’autre jour : “Là où Google est quand même très fort, c’est qu’ils ont réussi à rendre Microsoft sympathique !”. A suivre…