News, music et watch : WWDC 2015

La rituelle Keynote d’Apple était cette année assez peu surprenante, tellement le recyclage d’idées déjà présente ailleurs était flagrant.

Cupertino, start your photocopiers

Que retenir, certaines choses tout de même :

  • Apple Pay a tout pour devenir une lame de fond… mais les difficultés juridiques et contractuelles font que son apparition est encore très limitée, avec le Royaume-Uni en plus des USA.
  • News reprend la logique d’un Flipboard, avec une interface particulièrement réussie et qui fait réfléchir au mouvement des titres de presse. Je pense que j’y reviendrai, entre autre en terme de logique économique : est-ce que les journaux sont condamnés à se ‘fragmenter’, et à proposer de l’article par article ? Ca serait un sacré challenge aussi bien économique qu’éditorial, et pas sûr qu’on y gagnerait beaucoup…
  • Apple Music a été présenté avec de grands effets de manche, pour une réalité qui est bien plus modeste mais en même temps pas simple à faire passer : comment passer d’un modèle économique où un morceau est facturé un euro, à un modèle sur abonnement avec des revenus bien moindres pour les artistes ? Comment évoluer sans se renier ? Le service n’a rien de révolutionnaire en tout cas, sorte d’agrégat de Spotify et de MySpace, et on a à priori du mal à voir quels sont les arguments permettant de basculer d’un service à l’autre
  • L’ouverture de watchOS (puisque c’est désormais son nom) aux développeurs amène un vrai bol d’air frais à cette montre pourtant toute neuve mais déjà pas mal décriée. En tout cas, on commence à percevoir la vraie dimension de ce qu’il sera possible de faire d’ici à quelques temps. Les possibilités, en particulier en terme d’appli Fitness, dépassent le stade du simple gadget pour aller vers une vraie plus value. A confirmer avec la créativité des développeurs… et les réelles possibilités de l’engin (on a peur pour la batterie !)
  • OSX arrive avec une promesse de stabilité et de performances accrues, et c’est déjà pas mal. Les nouveautés sont légères mais plutôt intéressantes, même si on ne peut s’empêcher de sourire à voir des concepts inaugurés sous Windows ou Android recyclés annoncés ici comme des évolutions majeures
  • Le discours sur le respect de la vie privée reste le principal facteur différenciant avec Android, même s’il se limite à un strict périmètre Apple, vu que les apps à installer peuvent quant à elle largement dépasser ce cadre et vampiriser vos données (on se souvient du cas de Facebook Messenger…)
  • L’ouverture en Opensource du langage Swift a provoqué une réaction enthousiaste de la part de l’auditoire. On peut toutefois rester un peu perplexe sur la capacité du langage à s’universaliser. Dans les faits, il a tout pour supplanter Java par exemple, mais une communauté se créera t’elle autour d’un tel nouvel acteur ?
  • On remarquera, côté iOS, la présence pour la première fois de fonctions exclusives iPad, et en particulier de fonctions ne tournant que sur le très récent iPad Air 2. Dommage pour les iPad mini 3, pourtant censés être ‘à la pointe’ ! C’est en tout cas le début d’une politique plus agressive destinée à faire renouveler le parc d’iPad qui stagne commercialement (et effectivement, de nombreuses personnes se ‘contentent’ tout à fait d’iPad datant de plusieurs années sans dommage).
  • C’est pas tout ça, mais Apple n’a toujours pas donné de chiffres de ventes pour la Watch…

Ce qui marque le plus est la grande cohérence de tout cela : Apple innove moins qu’un temps, recycle beaucoup d’idées venant d’ailleurs, dézingue de manière choquante des applications tierces qui ont ‘fait le boulot’ du défrichage, mais a clairement une vision et la porte d’un bout à l’autre de sa gamme. A peaufiner l’expérience utilisateur, on arrive sur quelque chose d’assez inédit en terme de maillage inter-plateforme. Si en plus les développeurs parviennent à tenir le pari d’une stabilité accrue, on obtiendra une machine de guerre assez redoutable, à défaut de faire rêver pendant les keynotes…

Et c’est cette grande cohérence qui risque de ressortir au final : un Apple Music n’a par exemple pas vraiment de “killer feature” par rapport à un Spotify, mais risque pourtant de prendre de nombreuses parts de marché avec une expérience utilisateur impeccable et une grande facilité d’usage d’une plateforme à l’autre. Il y a des fonctions qu’on adopte, enthousiaste, lors de keynotes, mais il y aussi celles, moins spectaculaires, qui se font leur place petit à petit dans le quotidien jusqu’à devenir évidentes et indispensables. Apple semble prendre ce créneau là…

PS : c’est pas pour me la péter (enfin un peu quand même, si), mais le concept de pouvoir visualiser un son dans l’onglet du navigateur, je l’ai lancée ici en… 2009. Apple, si vous voulez m’embaucher pour de nouvelles idées, c’est quand vous voulez 🙂