Jusqu’à présent, j’ai hésité à me lancer dans des titres inutilement aguicheurs. Et pourtant, pour la première fois, j’avoue avoir du mal à comprendre la ligne directrice suivie par la firme à la pomme, tellement j’ai peu trouvé d’éléments réjouissants dans la présentation du 10 septembre.
Pas par déception de ne pas voir un iPhone “low cost”. Cette notion était dans les délires des commentateurs, ou plutôt dans les fantasmes des financiers, là où si une chose est clair chez Apple : ils n’iront jamais dans les gammes à bas prix.
Pas non plus par le fait de voir débarquer un iPhone en plastique : après tout, c’était déjà le cas des iPhone 3G et 3GS, sans que cela gêne grand monde, hormis peut-être les fans comme moi du design de l’iPhone d’origine.
Non, ce qui m’a inquiété, dans les rumeurs puis dans la présentation, c’est le manque de goût qui accompagne ces produits. Et, pour la première fois, j’avoue regretter clairement la démarche de “censure” forte qu’amenait la présence de Steve Jobs.
L’iPhone 5C est laid. Le plastique fait mastoque, les couleurs sont peu attirantes. Et les housses trouées proposées sont proprement hideuses (sans parler du “bug” qui fait apparaitre un “non” au dos du téléphone). Apple a toujours su maintenir des tarifs Premium, mais en les liant à des produits faisant irrésistiblement envie. Autant l’iPhone 5S garde un look irréprochable, autant le 5C n’a pas ce “wow effect”, surtout face à des concurrents certes également en plastique mais au look bien plus attirant.
Si l’on rentre dans le détail, la présentation a été une suite de déceptions ou d’éléments désappointants :
- Le format des keynote Apple, qui a très peu évolué depuis l’ère Jobs, apparait aujourd’hui daté. Les vidéos lénifiantes montrant un Jonathan Ive au discours exalté ont été tellement parodiées qu’elles n’ont plus aujourd’hui aucun intérêt, outre le fait qu’on l’entend se féliciter d’une vidéo à l’autre de notions contradictoires (l’entendre faire aujourd’hui l’apologie du plastique faire au mieux sourire, au pire désole)
- Aucune nouveau supplémentaire dans iOS7 (hormis le mode 64 bits) par rapport à ce qui avait été présenté en juin
- D’une manière générale, toutes les surprises éventuelles avaient été éventées, laissant bien loin dans les souvenirs le culte du secret qui caractérisait Apple
- des applications iWork et iLife certes gratuites, mais uniquement pour les nouveaux acheteurs, et surtout avec une interface gardant toutes les lourdeurs du look d’iOS6
- un iPhone 5C n’apportant rien par rapport à un iPhone 5, hormis un look très discutable, et un prix quasiment pas en baisse (surtout sur un tarif sans abonnement)
- un iPhone 5S sans grande nouveauté apparente, si ce n’est une couleur elle aussi discutable (“or”, bof…)
- Contrairement à ce que certains espéraient, iOS7 n’a pas évolué graphiquement, en particulier au niveau des icônes au look si controversé
- Une authentification par empreinte digitale qui semble efficace, mais qui n’est accompagnée d’aucune API pour bénéficier de ce mode de validation dans les applications (hormis lors d’achats sur iTunes)
- un microprocesseur 64 bits et aux performances accrues, mais dont a peu d’usage aujourd’hui sur un téléphone (hormis sur les jeux, qui était d’ailleurs l’exemple présenté)
- l’absence de puce NFC (certes partiellement compensée par iBeacon, mais qui reste une technologie outsider)
- un appareil photo qui semble plus performant, mais sans la montée en puissance en terme de megapixels qui restera le critère principal pour l’utilisateur
- une autonomie qui n’est pas en progrès (ou plutôt, avec des progrès étouffés par les besoins sans cesse plus importants du hardware)
- une tarification “mémoire” inacceptable en 2013 : une entrée de gamme à 16Go seulement pour un téléphone Premium, sans extension possible, est aujourd’hui ridicule. Et l’absence de modèle 128Go l’est tout autant.
- Autant le processeur A7 64bits apparait exagérément puissant pour un “simple” téléphone, autant il fera merveille dans un futur iPad qui ressemblera de plus en plus à un ordinateur classique, puissance comprise
- De la même manière, la puce dite “M7” gérant les mouvements en utilisant un minimum d’énergie électrique trouvera parfaitement sa place sur une éventuelle iWatch
- Toujours sur iPad, on se prend à rêver d’un processus d’authentification par empreinte digitale qui permettrait d’accéder à un vrai mode multi-utilisateurs, qui manque cruellement à iOS aujourd’hui pour que l’iPad devienne un vrai “outil pour toute la famille”
- iOS7 demeure un virage important, et faire cohabiter sur une même release un redesign complet, l’ajout de fonctionnalités complexes, et une migration totale en 64bits est une performance qui mérite d’être saluée
Tout reste encore à faire pour Apple, et fans ainsi que financiers restent sur leur faim : peu d’innovation ou de nouveautés franches pour les premiers, et une politique tarifaire qui reste discutable pour les seconds. On ne peut néanmoins pas jauger une aussi grosse entreprise sur une simple présentation, d’autant plus que la précédente (lors de la WWDC) était elle bien plus enthousiasmante. Une prochaine keynote (vraisemblablement en octobre) devrait nous permettre d’y voir un peu plus clair..