Adieu Google Reader… et après ?

C’est le sujet du jour dans le petit microcosme Geek : Google Reader s’arrête, sacrifié sur l’autel de la simplification de l’offre chez Google.

Comme le souligne Bertrand sur son blog, le principal problème est que Reader est devenu bien autre chose qu’un outil : il sert aujourd’hui, grâce à ses APIs, de socle à tout un écosystème, celui des “clients RSS”. Plutôt que d’avoir un système de stockage des abonnements RSS par application, s’appuyer sur Google Reader était très pratique, cela permettait :

  • de centraliser les abonnements, permettant de les avoir sur diverses applications… et divers supports
  • mais également de centraliser l’information “lu/non lu”, rendant le parcours de ses abonnements RSS très intuitif : si on lit un article sur son iPhone, il n’apparaitra pas sur son ordinateur.

On risque fort d’avoir des projets qui se replient sur eux-même : Reeder, par exemple, que j’utilise sur mon Mac, va très probablement introduire une fonction permettant de partager ses abonnements avec Reeder iPhone ou Reeder iPad. Mais moi, je n’utilise pas Reeder sur mon iPad ! (je passe par Flipboard, que je trouve plus adapté à un usage “tablette”). Pour l’éditeur, c’est une bonne excuse pour rapatrier ses usagers dans son propre écosystème. Mais c’est un frein à la liberté de choisir, pour chaque plateforme, l’outil qui nous semble le plus performant, le plus approprié.

Le problème est qu’un tel outil n’est pas facilement rentabilisable : si j’en reviens à mon usage, j’utilisais certes Google Reader au quotidien, en en faisant même le point névralgique de ma veille au quotidien. Mais… je n’allais jamais sur le site Google ! Je n’en avais pas besoin, puisque je lisais mes articles depuis mon client préféré. Et donc, je n’affichais pas la pub proposée par Google, contribuant ainsi à rendre la plateforme non-rentable, d’où, probablement, la prise de décision de Google (outre l’argument, certes recevable, sur le peu de popularité de la norme RSS, qui n’a jamais été très “mainstream”, malheureusement).

A mon sens, la seule issue valable serait une initiative pour monter une plateforme, publique, clonant les APIs de Google Reader, et proposant les services suffisants pour continuer à utiliser l’écosystème tel qu’il était proposé ici. Cette plateforme doit être un “service public”, si possible répliqué, et non lié à une activité commerciale. J’avais fait la même remarque pour Twitter, étant assez troublé par le fait qu’un service aussi commun soit entièrement entre les mains d’une société commerciale. La fameuse “neutralité du net”, telle qu’elle alimente la polémique aujourd’hui, ne concerne pas que les tuyaux : certains services se doivent d’être neutres, comme c’était le cas au moment où Internet a été conçu. Les newsgroups, par exemple, ont été conçus pour être portés de manière fédérée, et pas centralisée, et surtout pas par une structure commerciale. Le mail reste un standard partagé par tous, même si ensuite diverses plateformes commerciales proposent une offre basée sur ce standard. Pourquoi pas la liste de nos flux RSS ?